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Il y avait une fois une pauvre fermière bien vieille et infirme. Elle avait deux fils qui un jour décidèrent de se partager son bien. L’un était intelligent : il prit les bœufs. L’autre était un peu sot ; on l’appelait Niaï ; il prit sa mère en charge. Lorsque la pauvre femme mourut, Niaï fut bien en peine car il n’avait pas d’argent pour la faire enterrer et son frère ne voulait entendre parler de rien. Alors il lui vint une idée. Il chargea la morte sur son dos et la porta dans le confessionnal, l’assit et alla chercher le curé. – Monsieur le curé, dit-il, je vous ai amené ma mère qui est infirme, il vous faut la confesser. – Pourquoi es-tu venu ? Je serais allé chez toi… Niaï répondit : – C’est pour vous éviter de la peine que je vous l’ai amenée à l’église Le curé lui dit : – Va-t-en, je vais m’occuper de ta mère. Niaï alla se cacher au fond de l’église. En arrivant au confessionnal, le curé secoua la pauvre vieille en lui disant : – Allons ma bonne, je vous écoute. La pauvre vieille ne répondit pas. Il la secoua à nouveau. Elle tomba par terre. Alors Niaï sortit de sa cachette et se mit à crier : – Au secours, au secours ! Monsieur le curé a tué ma mère. – Tais-toi, tais-toi ! lui dit le curé affolé, je te donnerai une bourse si tu ne parles de ça à personne. Le voilà parti avec sa bourse, laissant au curé le soin d’enterrer sa mère. Il rentra chez lui en se disant : « Il faut que je me venge de mon frère qui a pris les bœufs et m’a laissé notre mère infirme ». En passant devant chez son frère, il entra et lui dit : – Tu m’as laissé notre mère, elle est morte, je l’ai dépouillée, j’ai vendu sa peau, regarde la bourse que le tanneur m’a donnée. Pour avoir des peaux de bœufs, il en donnera sûrement le triple. Lorsque Niaï fut parti, le frère dit à sa femme : – Nous allons tuer nos bœufs, nous les dépouillerons et porterons les peaux au tanneur ; cela remplira une grosse bourse. Ils firent comme décidé et le frère porta les peaux de ses bêtes au tanneur. – Tanneur, voici des peaux de bœufs. Combien m’en donnes-tu ? – J’en ai déjà bien trop et ça n’a pas grande valeur. Et il ne lui donna presque rien. Le frère rentra chez lui en colère. Il dit à sa femme : – Il faut que je me venge en noyant Niaï. Un jour, il finit par trouver Niaï sur le bord de la rivière, le jeta dans l’eau et s’enfuit. Le pauvre sot ne se noya pas et put sortir de l’eau. Cela fait ; il courut chez un berger et lui dit : – Prête-moi tes moutons, je vais faire un tour à mon frère qui a voulu me noyer. Il passa devant chez son frère avec le troupeau de moutons, et lui cria : – Tu m’as jeté à la rivière ! Tu croyais m’y noyer. Regarde le troupeau que j’ai trouvé au fond de l’eau. Lorsque Niaï fut parti, le frère dit à sa femme : – Il faut que j’y aille aussi. Si je peux ramener un troupeau de moutons, nous serons riches ! Il courut se jeter à l’eau et se noya.




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Sources/Mentions

  • Monographie du canton de Saint-Sulpice-les-Feuilles