Un forgeron habite au Pont-de-Pile, un hameau situé au bord du Gers, dans la commune de Lectoure. C’était un païen vivant seul, sans pareil pour travailler le fer, l’or et l’argent, avec un loup pour seule aide. Un jeune garçon pauvre se propose pour être son apprenti, le forgeron teste ses capacités avant de l’engager en lui imposant de ne jamais demeurer ni manger avec lui. Le garçon observe en secret ce que fait le forgeron une fois son travail fini. Il le voit sortir de chez lui et imiter le chant du grillon, disant : « Viens ma fille, viens, reine des vipères », et celle-ci apparaît, déclare à son père avoir aperçu l’apprenti et en être tombée amoureuse. Le garçon suit l’homme qui se dirige ensuite vers le Gers, se dénude, cache ses habits dans un saule creux, s’arrache la peau de la tête aux pieds, et apparaît comme une grande loutre, saute à l’eau, , dévore un poisson, sort de l’onde, remet sa peau d’homme et ses habits, et rentre à son logis. Les deux nuits suivantes, il constate la même chose. Envoyé chez le marquis de Fimarcon pour forger des bijoux, la fille de celui-ci s’éprend de lui et lui d’elle, et il lui fait un collier merveilleux qu’il trempe dans son sang, puis retrempe tandis que la jeune fille se met nue jusqu’à la ceinture ; il lui passe le collier qui fait corps avec la chair. Le forgeron rend visite au garçon, le drogue, l’endort, le ligote et le bâillonne, lui propose la main de sa fille et essuie un refus, sur quoi il prend une scie, scie les pieds de l’apprenti et les brûle dans la forge. Puis il réitère sa question et obtient la même dénégation. Il emmène le garçon jusqu’à une haute tour, sans toiture ni portes ni fenêtres, retrouve sa fille et tous deux appellent les aigles de la montagne pour qu’ils portent l’apprenti dans la tour. En secret, l’apprenti se forge une hache d’acier, une ceinture de fer garnie de trois crocs, une paire de pieds d’or et une paire de grandes ailes, travail qui lui prit sept ans.
Chaque soir, la reine des vipères rend visite au jeune homme par un trou et s’offre à lui. Quand il a fini de se forger les objets cités, il accepte de devenir son mari. Lorsque la reine des vipères entre par le trou du mur, il l’écrase de son pied d’or, lui tranche la tête et accroche tête et corps au crocs de sa ceinture. Il ajuste alors ses deux ailes, s’envole et va se poster là d’où il verrait le hameau et le Gers. Lorsque le forgeron a gagné le bord de l’eau et caché sa peau dans un saule creux, l’apprenti s’en empare et l’accroche à sa ceinture, puis il hèle le forgeron : “ Ta fille est en deux morceaux, la tête et le corps, accrochés à ma ceinture de fer. […]. Cherche ta peau d’homme dans le saule creux. […] Je la tiens accrochée à ma ceinture de fer. Et maintenant, tu es loutre pour toujours.” »
Source: Contes populaires de la Gascogne, Maisonneuve, Paris, 1886. Wieland le forgeron, les serpents et la magie. C. Lecouteux
Un forgeron habite au Pont-de-Pile, un hameau situé au bord du Gers, dans la commune de Lectoure. C’était un païen vivant seul, sans pareil pour travailler le fer, l’or et l’argent, avec un loup pour seule aide. Un jeune garçon pauvre se propose pour être son apprenti, le forgeron teste ses capacités avant de l’engager en lui imposant de ne jamais demeurer ni manger avec lui. Le garçon observe en secret ce que fait le forgeron une fois son travail fini. Il le voit sortir de chez lui et imiter le chant du grillon, disant : « Viens ma fille, viens, reine des vipères », et celle-ci apparaît, déclare à son père avoir aperçu l’apprenti et en être tombée amoureuse. Le garçon suit l’homme qui se dirige ensuite vers le Gers, se dénude, cache ses habits dans un saule creux, s’arrache la peau de la tête aux pieds, et apparaît comme une grande loutre, saute à l’eau, , dévore un poisson, sort de l’onde, remet sa peau d’homme et ses habits, et rentre à son logis. Les deux nuits suivantes, il constate la même chose. Envoyé chez le marquis de Fimarcon pour forger des bijoux, la fille de celui-ci s’éprend de lui et lui d’elle, et il lui fait un collier merveilleux qu’il trempe dans son sang, puis retrempe tandis que la jeune fille se met nue jusqu’à la ceinture ; il lui passe le collier qui fait corps avec la chair. Le forgeron rend visite au garçon, le drogue, l’endort, le ligote et le bâillonne, lui propose la main de sa fille et essuie un refus, sur quoi il prend une scie, scie les pieds de l’apprenti et les brûle dans la forge. Puis il réitère sa question et obtient la même dénégation. Il emmène le garçon jusqu’à une haute tour, sans toiture ni portes ni fenêtres, retrouve sa fille et tous deux appellent les aigles de la montagne pour qu’ils portent l’apprenti dans la tour. En secret, l’apprenti se forge une hache d’acier, une ceinture de fer garnie de trois crocs, une paire de pieds d’or et une paire de grandes ailes, travail qui lui prit sept ans.
Chaque soir, la reine des vipères rend visite au jeune homme par un trou et s’offre à lui. Quand il a fini de se forger les objets cités, il accepte de devenir son mari. Lorsque la reine des vipères entre par le trou du mur, il l’écrase de son pied d’or, lui tranche la tête et accroche tête et corps au crocs de sa ceinture. Il ajuste alors ses deux ailes, s’envole et va se poster là d’où il verrait le hameau et le Gers. Lorsque le forgeron a gagné le bord de l’eau et caché sa peau dans un saule creux, l’apprenti s’en empare et l’accroche à sa ceinture, puis il hèle le forgeron : “ Ta fille est en deux morceaux, la tête et le corps, accrochés à ma ceinture de fer. […]. Cherche ta peau d’homme dans le saule creux. […] Je la tiens accrochée à ma ceinture de fer. Et maintenant, tu es loutre pour toujours.” »