Le petit Jean (« Tsan » dans le Quercy) est le dernier né d’une famille de trois enfants. Sa mère est veuve et gère une petite exploitation avec un pré, grâce auquel elle récolte chaque année neuf meules de foin. Les deux frères de Jean sont forts et travailleurs, alors que Jean est plus chétif, rêveur et un peu paresseux. Par antithèse, ils l’ont appelé « le Vaillant » (bolant en patois). Un matin, la famille réalise qu’une de leurs précieuses meules a disparu pendant la nuit. L’aîné est désigné pour monter la garde dans le pré et surprendre le voleur ; mais, épuisé par sa journée de labeur, il s’endort. Le matin, une autre meule manque à l’appel et le cadet est désigné à son tour pour monter la garde : lui-aussi s’endort et une nouvelle meule disparait. Jean se propose alors de faire le guet, avec d’autant plus d’entrain qu’il est moins fatigué que ses frères par le travail de la journée ! Pendant la nuit, il voit descendre du ciel, sur un rayon de lune faisant rampe, sept chevaux magnifiques qui se mettent à manger une meule avec appétit. Jean veut les chasser, mais le plus grand lui dit qu’ils appartiennent à la Reine de Glace, que depuis qu’un dragon a détrôné le roi, séquestré la reine et enchanté le château, ils ne peuvent plus brouter dans le domaine royal ; mais heureusement le Ciel, par pitié, leur a permis de sortir de l’écurie par ce chemin de lune. Jean les ayant alors autorisés à se restaurer, chaque cheval lui donne un crin pour s’en faire une bague : en la faisant tourner trois fois autour de son doigt, il pourra demander l’aide des chevaux, mais seulement trois fois et pas une de plus. Juste avant que la lune ne se couche, arrive une charrette qui fait fuir les chevaux de frayeur sur le dernier rayon de lune. La charrette est menée par des personnages à tête de lézard : ce sont les serviteurs du dragon, ou « drac », qui viennent remplir la charrette avec le foin restant. En voulant s’interposer, Jean est promptement assommé et emporté. Lorsqu’il se réveille, il entend les reptiles raconter l’histoire du château. Il apprend ainsi que le roi avait été entraîné dans un marché de dupe par le drac, qui régnait dans les profondeurs de la terre et l’obscurité des gouffres. Le roi en était mort de désespoir et le drac réclama à sa veuve – jeune et ravissante- le royaume, le château et le trésor. Il lui proposa même de l’épouser pour entrer encore plus légalement en possession de ses biens. La veuve refusa avec horreur en lui disant qu’il ne manquerait pas de preux chevaliers pour venir la secourir. Alors par magie, le drac transforma la montagne où se perchait le château en un pic de glace, figeant ainsi toute la forteresse avec sa propriétaire, devenue statue de glace au sommet du donjon. Et il creusa autour de la montagne un gouffre circulaire et insondable. Le drac lui fit ce marché : si quelqu’un, par trois fois, pouvait l’atteindre et lui déposer un baiser sans la briser ni anéantir le château, alors celui-là l’épouserait et serait maître de ses biens. Mais si cela n’arrivait pas dans un délai de 300 ans alors le drac épouserait la malheureuse et serait son maître. La lune, témoin muet et astre froid, ne put rien faire. Le soleil, alerté, ne réussît jamais à neutraliser le gel surnaturel. Quand Jean aperçoit le château resplendissant à l’aurore, il décide qu’il est tout désigné pour sauver la reine et hériter du royaume. S’échappant de la charrette, Jean rejoint sa famille, où personne ne le croit, et il est battu pour toutes ses affabulations. Pendant la nuit, il décide de faire appel aux chevaux de lune et tourne trois fois la bague en crin qu’il a au doigt. Un magnifique destrier sellé descend sur un rayon de lune. Jean le monte et le destrier l’amène d’un bond aux pieds du château. Là, Jean interpelle le drac qui se trouve dans l’eau empoisonnée et fétide qui baigne le fond du fossé circulaire creusé autour du château. Il lui prédit avec impertinence sa défaite, car il compte délivrer la reine. Le drac se moque de lui, affirmant que même s’il bondissait assez haut pour atteindre le donjon, il finirait par tomber dans le fossé de l’autre côté, comme tous les autres : tous ceux qui avaient échoué ainsi étaient transformés en lézards qui servaient le drac. Celui-ci lui indique alors que s’il brisait le moindre morceau de glace pendant sa tentative, il aurait perdu et serait retenu prisonnier. Jean fait alors bondir son cheval au-dessus du château et il frôle le donjon de cristal de suffisamment près pour qu’il puisse déposer au passage un baiser sur la joue glacée de la reine : il éprouve alors un froid intense qui le transperce. Le cheval se pose de l’autre côté, loin du fossé, à la grande fureur du drac. Fatigué, Jean décide de ne recommencer que le lendemain. Il rentre chez lui où bien sûr sa famille ne le croit pas et le rosse derechef. La nuit venue, il appelle de nouveau le cheval de lune avec sa bague magique et part pour le château. Le drac a rasé les arbres autour du château pour accroître la distance à couvrir, mais Jean n’en a cure et sur son destrier il accomplit un bond extraordinaire au- dessus du donjon : il peut une nouvelle fois embrasser la princesse, ce qui lui permet de constater que la température, bien que très froide, s’est déjà réchauffée. Une fois rentré chez lui, la même scène se répète avec ses frères et il est encore frappé. Mais cela ne l’affecte pas car il sait qu’il touche au but : cela devient urgent car la nuit qui arrive est la dernière nuit de pleine lune, et quand celle-ci sera passée, il ne pourra plus faire appel aux chevaux de lune, même avec son vœu restant. Dès que le premier rayon de lune arrive, Jean fait appel au cheval et retourne au château. Le drac a rasé une partie du pays pour empêcher le cheval d’approcher pour sauter. Mais le cheval de lune ne craint pas la distance : il saute comme jamais, et suffisamment près pour que Jean puisse attraper la reine au passage et l’extraire de sa gangue de glace alors que l’air environnant est déjà tout juste frais. Couverte de baisés par Jean, la reine retrouve sa chaleur et reprend vie. Ils entendent alors un vrai tremblement de terre lorsque, du fossé, jaillirent mille jeunes hommes, délivrés de l’enchantement qui en faisait les serviteurs reptiliens du drac. Ils se saisirent de ce dernier et le réduisirent en bouilli et en jetèrent les morceaux dans le fossé, qui se referma dessus. Une merveilleuse musique sortit alors de la montagne : c’était la glace qui craquait sous la poussée des herbes et des fleurs. Tout joyeux, Jean rentre alors chez lui à cheval avec la reine et annonce à sa famille ébahie et enfin convaincue, qu’il va épouser la reine et gouverner son royaume.
Le petit Jean (« Tsan » dans le Quercy) est le dernier né d’une famille de trois enfants. Sa mère est veuve et gère une petite exploitation avec un pré, grâce auquel elle récolte chaque année neuf meules de foin. Les deux frères de Jean sont forts et travailleurs, alors que Jean est plus chétif, rêveur et un peu paresseux. Par antithèse, ils l’ont appelé « le Vaillant » (bolant en patois). Un matin, la famille réalise qu’une de leurs précieuses meules a disparu pendant la nuit. L’aîné est désigné pour monter la garde dans le pré et surprendre le voleur ; mais, épuisé par sa journée de labeur, il s’endort. Le matin, une autre meule manque à l’appel et le cadet est désigné à son tour pour monter la garde : lui-aussi s’endort et une nouvelle meule disparait. Jean se propose alors de faire le guet, avec d’autant plus d’entrain qu’il est moins fatigué que ses frères par le travail de la journée ! Pendant la nuit, il voit descendre du ciel, sur un rayon de lune faisant rampe, sept chevaux magnifiques qui se mettent à manger une meule avec appétit. Jean veut les chasser, mais le plus grand lui dit qu’ils appartiennent à la Reine de Glace, que depuis qu’un dragon a détrôné le roi, séquestré la reine et enchanté le château, ils ne peuvent plus brouter dans le domaine royal ; mais heureusement le Ciel, par pitié, leur a permis de sortir de l’écurie par ce chemin de lune. Jean les ayant alors autorisés à se restaurer, chaque cheval lui donne un crin pour s’en faire une bague : en la faisant tourner trois fois autour de son doigt, il pourra demander l’aide des chevaux, mais seulement trois fois et pas une de plus. Juste avant que la lune ne se couche, arrive une charrette qui fait fuir les chevaux de frayeur sur le dernier rayon de lune. La charrette est menée par des personnages à tête de lézard : ce sont les serviteurs du dragon, ou « drac », qui viennent remplir la charrette avec le foin restant. En voulant s’interposer, Jean est promptement assommé et emporté. Lorsqu’il se réveille, il entend les reptiles raconter l’histoire du château. Il apprend ainsi que le roi avait été entraîné dans un marché de dupe par le drac, qui régnait dans les profondeurs de la terre et l’obscurité des gouffres. Le roi en était mort de désespoir et le drac réclama à sa veuve – jeune et ravissante- le royaume, le château et le trésor. Il lui proposa même de l’épouser pour entrer encore plus légalement en possession de ses biens. La veuve refusa avec horreur en lui disant qu’il ne manquerait pas de preux chevaliers pour venir la secourir. Alors par magie, le drac transforma la montagne où se perchait le château en un pic de glace, figeant ainsi toute la forteresse avec sa propriétaire, devenue statue de glace au sommet du donjon. Et il creusa autour de la montagne un gouffre circulaire et insondable. Le drac lui fit ce marché : si quelqu’un, par trois fois, pouvait l’atteindre et lui déposer un baiser sans la briser ni anéantir le château, alors celui-là l’épouserait et serait maître de ses biens. Mais si cela n’arrivait pas dans un délai de 300 ans alors le drac épouserait la malheureuse et serait son maître. La lune, témoin muet et astre froid, ne put rien faire. Le soleil, alerté, ne réussît jamais à neutraliser le gel surnaturel. Quand Jean aperçoit le château resplendissant à l’aurore, il décide qu’il est tout désigné pour sauver la reine et hériter du royaume. S’échappant de la charrette, Jean rejoint sa famille, où personne ne le croit, et il est battu pour toutes ses affabulations. Pendant la nuit, il décide de faire appel aux chevaux de lune et tourne trois fois la bague en crin qu’il a au doigt. Un magnifique destrier sellé descend sur un rayon de lune. Jean le monte et le destrier l’amène d’un bond aux pieds du château. Là, Jean interpelle le drac qui se trouve dans l’eau empoisonnée et fétide qui baigne le fond du fossé circulaire creusé autour du château. Il lui prédit avec impertinence sa défaite, car il compte délivrer la reine. Le drac se moque de lui, affirmant que même s’il bondissait assez haut pour atteindre le donjon, il finirait par tomber dans le fossé de l’autre côté, comme tous les autres : tous ceux qui avaient échoué ainsi étaient transformés en lézards qui servaient le drac. Celui-ci lui indique alors que s’il brisait le moindre morceau de glace pendant sa tentative, il aurait perdu et serait retenu prisonnier. Jean fait alors bondir son cheval au-dessus du château et il frôle le donjon de cristal de suffisamment près pour qu’il puisse déposer au passage un baiser sur la joue glacée de la reine : il éprouve alors un froid intense qui le transperce. Le cheval se pose de l’autre côté, loin du fossé, à la grande fureur du drac. Fatigué, Jean décide de ne recommencer que le lendemain. Il rentre chez lui où bien sûr sa famille ne le croit pas et le rosse derechef. La nuit venue, il appelle de nouveau le cheval de lune avec sa bague magique et part pour le château. Le drac a rasé les arbres autour du château pour accroître la distance à couvrir, mais Jean n’en a cure et sur son destrier il accomplit un bond extraordinaire au- dessus du donjon : il peut une nouvelle fois embrasser la princesse, ce qui lui permet de constater que la température, bien que très froide, s’est déjà réchauffée. Une fois rentré chez lui, la même scène se répète avec ses frères et il est encore frappé. Mais cela ne l’affecte pas car il sait qu’il touche au but : cela devient urgent car la nuit qui arrive est la dernière nuit de pleine lune, et quand celle-ci sera passée, il ne pourra plus faire appel aux chevaux de lune, même avec son vœu restant. Dès que le premier rayon de lune arrive, Jean fait appel au cheval et retourne au château. Le drac a rasé une partie du pays pour empêcher le cheval d’approcher pour sauter. Mais le cheval de lune ne craint pas la distance : il saute comme jamais, et suffisamment près pour que Jean puisse attraper la reine au passage et l’extraire de sa gangue de glace alors que l’air environnant est déjà tout juste frais. Couverte de baisés par Jean, la reine retrouve sa chaleur et reprend vie. Ils entendent alors un vrai tremblement de terre lorsque, du fossé, jaillirent mille jeunes hommes, délivrés de l’enchantement qui en faisait les serviteurs reptiliens du drac. Ils se saisirent de ce dernier et le réduisirent en bouilli et en jetèrent les morceaux dans le fossé, qui se referma dessus. Une merveilleuse musique sortit alors de la montagne : c’était la glace qui craquait sous la poussée des herbes et des fleurs. Tout joyeux, Jean rentre alors chez lui à cheval avec la reine et annonce à sa famille ébahie et enfin convaincue, qu’il va épouser la reine et gouverner son royaume.