Deux hommes couchaient dans le même lit. Tous les soirs, lun deux sortait pour une promenade mystérieuse. Lorsquil rentrait, son corps était froid comme de la glace. Lautre lui demandait bien où il allait pour revenir glacé de la sorte, mais invariablement il lui répondait toujours : Où veux-tu que jaille ? Je vais tout simplement me promener autour du village pendant quelques heures, cest une vieille habitude que je ne peux quitter, jai envie de prendre lair de la nuit Cest tout. Un beau soir, celui qui restait toujours couché décida daller se cacher dans une charretée de foin placée à lentrée de la cour et de voir ce que faisait vraiment son compagnon. Lorsque ce dernier revint de sa «promenade », il nétait pas seul : il tirait derrière lui la dépouille dun grand chien. Sinstallant dans un coin de la cour, il le croqua en rien de temps. Une fois quil eut avalé le chien, il sen alla au bourg voisin pour boire un coup. Pendant ce temps, le curieux revint se coucher. Le lendemain matin, celui qui avait mangé le chien dit à la cuisinière de retarder un peu lheure du déjeuner. Aussi, midi sonna sans quil ny eût rien de prêt. Bon sang de bon sang, jura celui qui avait passé une partie de la nuit dans la charrette de foin, je commence à avoir faim. Lautre dit : Moi je nai pas grand faim, je ne comprends pas que tu aies tant dappétit. Bien sûr, toi tu nas pas faim puisque cette nuit tu as mangé un gros chien. Comment le sais-tu ? Jétais à te regarder faire dans la charrette de foin. Ah ! se lamenta lautre, si je tavais su là, je me serais mis ailleurs. Ma peine est à recommencer. ******* Une autre fois, un homme revenait tard de la foire de Saint-Yrieix lorsque, en pleine campagne, il sentit brusquement quelque chose lui tomber sur les épaules. Cétait mou, lourd et cela respirait comme un être vivant. Malgré tous ses efforts pour sen débarrasser, il ne put y parvenir et eut bien du mal à redresser sa marche car la chose le forçait à se diriger vers la rivière toute proche. Il finit par arriver chez lui, harassé comme sil avait couru depuis son départ. Sa femme lui apprit quil avait dû porter un leberou repu, et se signa en pensant combien la mort sétait approchée de son homme. ****** Un damné cachait sa peau de loup sous un tas de fumier. Celui qui laurait piquée par mégarde avec une fourche risquait de devenir loup-garou lui-même. ******* Le loup-garou parcourt sept communes chaque nuit, et cela pendant sept ans. Cest la punition du diable lorsquil ny a plus de place en enfer. Pourtant, cest une des moins pénibles car on peut sen délivrer en faisant couler une seule goutte de son sang mais cela, le damné lignore.
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